Régression des 4 mois (3/3) : 4 solutions bienveillantes, dont 1 contre-intuitive

Je vais vous avouer un truc.
Ma fille s’est réveillée 2 à 4 fois par nuit pendant ses 18 premiers mois.
Du coup nous n’avons pas vraiment remarqué sa régression des 4 mois…
 
Mais je suis convaincu d’une chose.
Si nous avions eu connaissance des solutions proposées dans cet article, notre situation se serait beaucoup améliorée, et elle aurait fait ses nuits bien avant 18 mois !
 
A ce moment-là, nous ne trouvions sur internet aucun conseil qui s’appliquait à notre fille et à l’éducation bienveillante que nous souhaitons lui donner…
 
Récapitulons.
 
Dans le premier article sur la régression des 4 mois, nous détaillions les problèmes spécifiques à cet âge :
  • de jour, bébé a plusieurs nouvelles capacités psycho-motrices, qui attisent sa curiosité envers son environnement et créent de nouvelles frustrations
  • le soir, bébé a du mal à s’endormir à cause de son envie d’explorer le monde et du stress du aux frustrations d’apprentissage de ses nouvelles capacités
  • la nuit, son sommeil se transforme avec de nouvelles phases comme l’adulte. Malheureusement, si bébé est stressé, chaque transition entre phases est une nouvelle occasion de se réveiller.
 
Le deuxième article s’attardait sur une fonction contre-intuitive des pleurs des bébés. Ils ne servent pas seulement à alerter d’un besoin urgent ou d’une douleur, mais aussi à décharger le stress.
 
Mais alors, connaissant maintenant tous les problèmes d’un bébé de 4 mois, comment l’aider au mieux à s’endormir le soir et à faire des nuits complètes ?
De jour, nous allons surtout essayer de satisfaire sa curiosité de découverte, et lui proposer des apprentissages avec un minimum de stress.
De nuit, nous allons tenter de gérer les pleurs avec un maximum de bienveillance.
Mais je ne vous promets pas que ce sera facile…
 

La métaphore de la pièce sombre

Pour illustrer la stratégie que je vous propose, utilisons une analogie.
 
Imaginez vous pieds nus au milieu d’une grande pièce sans fenêtre, remplie de tables basses et de jouets au sol : tout ce qu’il faut pour se faire mal si vous avancez sans faire attention.
 
Imaginez maintenant que la seule lumière dans cette pièce vient de l’unique porte, et quelqu’un la ferme.
Vous voyez un mince filet de lumière sous la porte, c’est assez pour vous donner la direction, mais trop peu pour voir les obstacles au sol sur votre chemin.
Vous souhaitez sortir de la pièce.
 
Quelle stratégie utilisez vous ? Examinons quelques options :
  1. À fond ! Vous foncez vers la porte en courant. Peut-être arriverez-vous à franchir la porte, peut-être pas… mais il est certain que vous vous serez fait très mal !
  2. Vous subissez sans rien faire. Vous ne bougez pas, et attendez que la situation s’arrange toute seule. Cela pourrait prendre longtemps…
  3. À tâtons. Vous avancez lentement, en essayant de comprendre quels obstacles se dressent devant vous.
Si on fait le parallèle avec le sommeil de votre bébé :
  • Votre objectif ? Avoir un bébé qui fait ses nuits. Ou plus exactement qui fait vos nuits.
  • Votre stratégie ? Quelle est votre préférée parmi :
    1. À fond ! Vous le laissez pleurer, sans prendre en compte les dangers pour sa santé et les séquelles psycho affectives qui peuvent en résulter. Je ne vous le conseille pas, les explications sont dans cet article.
    2. Vous subissez sans rien faire. C’est tellement fatigant de se réveiller plusieurs fois nuit pendant des semaines, voire des mois, que je ne vais pas vous blâmer. Mais l’amélioration pourrait mettre longtemps à arriver.
    3. À tâtons : vous testez. Vous essayez de comprendre quels sont les obstacles et vous progressez doucement. C’est cette troisième stratégie que je voudrais vous proposer dans cet article.

Pour un résumé de cet article sous un autre angle, regardez cette vidéo :

Solution n°1 : satisfaire la curiosité de bébé

Et sans le surstimuler !
Voilà bien une question difficile, et très subjective !
 
Bien entendu, personne n’a la réponse absolue à cette question.
 
Comme l’explique Rosa Jové dans son livre « Dormir sans larmes », il se trouve que les problèmes de sommeil sont beaucoup importants dans nos sociétés industrialisées que dans les sociétés traditionnelles. Donc nous avons probablement quelque chose à apprendre de nos lointains ancêtres.
 
Comment ce problème était résolu il y a quelques dizaines de milliers d’années, au temps des chasseurs cueilleurs ?
J’imagine que les enfants passaient leur temps à observer la nature et leurs congénères, tout simplement !
 
Pour revenir dans le temps présent, je vous propose donc de satisfaire la curiosité de votre bébé avec les activités suivantes :
  • faire des promenades dans la nature ou dans un espace vert avec bébé. De préférence en écharpe de portage pour maximiser son sentiment de sécurité, mais la poussette marche aussi
  • poser bébé un ou deux heures par jour à un endroit où il pourra observer la nature en toute sécurité
  • socialiser / imiter : emmener bébé à un endroit où il pourra observer d’autres enfants
 

Comment limiter le stress de bébé à 4 mois ?

Solution n°2 : Atténuer le stress chez les tous-petits

  • Assurez-lui jour et nuit un maximum de contact physique
  • Devancez les frustrations en satisfaisant rapidement ses besoins
  • Si possible, allaitez votre bébé
  • Si vous allaitez, évitez les drogues et les médicaments pouvant avoir un effet néfaste sur bébé
  • Protégez bébé des blessures et des événements effrayants
  • Et surtout, surtout, un des points les plus importants : faites le maximum pour satisfaire vos propres besoins physiques et émotionnels !
 
Détaillons maintenant une cause de stress particulièrement importante vers 4 mois avec le début de la préhension volontaire :

Solution n°3 : Se focaliser sur le stress dû à l’apprentissage

Bébé apprend tous les jours, tout le temps. Et tous les apprentissages entraînent du stress, c’est inévitable car bébé progresse souvent par essai / erreur.
Mais plus la difficulté  est adaptée aux capacités de bébé, et plus il progresse rapidement avec peu d’échecs.
 
Comment proposer à bébé une difficulté d’activité adaptée à ses capacités ?
 
Probablement en s’inspirant des pédagogies existantes.
 
Ma préférée est la pédagogie Montessori, car tous ses principes de base ont été validés par la recherche en psychologie (voir le livre d’Angeline Lillard : « Montessori, une révolution pédagogique soutenue par la science »), mais il en existe d’autres avec des avantages similaires.
 
Chez Montessori, pour savoir quelles activités proposer à son bébé, on l’observe en détails.
Ci-dessous, je me sers de son âge pour donner des recommandations générales, mais le plus important est vraiment d’analyser où en est votre bébé dans son développement psycho-moteur et quelle activité l’intéresse.
Pas de lui donner une activité parce c’est ce qu’il devrait faire à son âge.
 
Avant la préhension volontaire, on propose des mobiles qui stimulent uniquement la vue
  • dès la naissance : le mobile de Munari, composé de formes géométriques, de 2 couleurs très contrastées et d’une boule brillante. Tout ceci pour stimuler la curiosité du bambin qui a des capacités visuelles très limitées à cet âge
  • entre 1 et 2 mois : le mobile de Gobi, composé de sphères de même taille en dégradé d’une seule couleur. C’est bien entendu pour inciter l’enfant à distinguer les nuances dans les couleurs.
  • vers 3-4 mois : le mobile des octaèdres, composé de 3 octaèdres rouge, bleu et jaune, de tailles différentes. Ce mobile a pour but de stimuler la perception du relief.
  • vers 3-4 mois : le mobile des danseuses, composé de formes stylisées, et de nombreuses couleurs. L’intérêt pour l’enfant réside dans le mouvement des formes très légères.
 
A partir du moment où l’enfant essaie d’attraper les mobiles (vers 3-4 mois environ), on va lui proposer des activités pour satisfaire son besoin de préhension.
 
Tant que l’enfant n’est pas capable de se retourner, on lui propose des objets suspendus :
  • un anneau très fin suspendu à un élastique
  • un grelot suspendu à un élastique

    Image associée

  • un kusudama suspendu sur un élastique : c’est une grosse balle de préhension composée de 2 tissus de couleurs contrastées, qui va servir aussi en version libre (non suspendue)

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Et quand l’enfant peut se retourner, on peut lui proposer des hochets libres (comme le kusudama en photo ci-dessus):
  • adaptés à la taille et à la force de l’enfant
  • qui ne roulent pas quand ils tombent : ce serait très frustrant pour l’enfant de voir son hochet s’éloigner de lui dès qu’il lui échappe des mains
 
Voilà, c’était une section un peu dense, mais qui devrait vous permettre de bien diminuer le stress de votre enfant. Ainsi, il devrait s’endormir plus facilement le soir, et moins se réveiller la nuit.
 
Abordons maintenant un sujet difficile : les pleurs !

Solution n°4 : gérer les pleurs (de jour et de nuit)

Répondre au besoin immédiat

Si mon enfant pleure et a faim, je le nourris.
Si mon enfant pleure quand sa couche est sale, je le change.
Si mon enfant pleure quand il est malade, je vais consulter son pédiatre et je le soigne.
 
Bref, tout le monde connaît la fonction des pleurs qui consiste à alerter d’un besoin ou problème urgent tel que faim, soif, inconfort ou douleur.
Et bien entendu, la meilleure solution est de répondre au besoin de l’enfant, ou d’alléger sa douleur.
 

Que faire face aux pleurs de décharge ?

Les réactions contre-productives

Cependant, que faire si mon enfant pleure, sans avoir faim, n’est pas sale et n’a pas l’air d’avoir mal ?
Par exemple, que faire si mon enfant pleure tous les soirs à la même heure sans raison apparente ?
 
Notre premier réflexe serait de vouloir arrêter ses pleurs, par exemple en lui proposant la tétine ou une tétée.
Un deuxième réflexe pourrait être de minimiser la situation en lui disant « ce n’est rien » ou « tu n’as aucune raison de pleurer ».

Le pire serait bien entendu de laisser bébé pleurer seul : j’explique pourquoi dans cet article.

 
D’après la psychologue Aletha Solter, toutes ces approches sont contre-productives, car elles ne permettent pas au bébé de décharger son stress, de se sentir compris et en sécurité.

La solution validée par la recherche

Dans son livre « Pleurs et colères des enfants et des bébés », elle recommande au contraire l’attitude suivante (qui peut sembler contre-intuitive):
  1. Répondez à ses besoins immédiats, et considérez la suite s’il n’est pas soulagé
  2. Prenez le bébé dans vos bras, asseyez vous confortablement et regardez son visage. S’il a les yeux ouverts, regardez-le dans les yeux.  Tenez-le calmement, sans le secouer ni le bercer
  3. Respirez à fond et détendez-vous. Prenez conscience de l’amour que vous avez pour lui
  4. Parlez à votre bébé. Dites-lui : « Je t’aime. Je t’écoute. Tu es en sécurité avec moi. Je vais rester avec toi. Tu peux pleurer si tu le veux.
  5. Vous pouvez aussi chercher à deviner la cause de ses pleurs et formuler vos pensées : « La journée a été trop pénible pour toi ? Nous avons fait trop de choses aujourd’hui ! » Dites lui que vous comprenez comment c’est dur d’être un bébé, que vous voulez l’aider à se sentir mieux.
  6. Restez conscient de vos propres émotions. Si vous avez besoin de pleurer avec lui, allez-y. Expliquez-lui que vous êtes triste.
  7. S’il détourne le regard, dites-lui : « S’il te plaît, regarde-moi. Je suis là. Je veux que tu te sentes en sécurité avec moi ».
  8. Restez avec votre bébé et continuez à le tenir tendrement jusqu’à ce qu’il cesse de pleurer de lui-même
 
Je vous recommande fortement cette attitude d’accueil des émotions de votre bébé, de jour comme de nuit.
 
Par contre, il y a une recommandation d’Aletha Solter avec laquelle je ne suis pas d’accord : elle conseille de tenir bébé ainsi même s’il refuse le contact.
Dans son argumentation étayée par des études scientifiques, elle avance qu’il est rassurant pour un bébé d’être tenu fermement par son parent.
 
J’ai essayé une fois, ma fille a hurlé de plus belle, sans aucun résultat positif.
Depuis, je n’ai jamais voulu la contraindre à nouveau à la prendre de force dans mes bras.
 
Je préfère rester à côté d’elle, la rassurer par la parole, et utiliser son doudou comme intermédiaire.
Mais je suis complètement d’accord avec le reste de l’approche.
 
En résumé, cette méthode pour faire face aux pleurs permet à bébé de décharger son stress tout en se sentant compris et en sécurité. Elle permet ainsi de s’endormir plus facilement le soir et de diminuer le nombre de réveils la nuit.

Conclusion

C’est la fin de ce dossier sur la régression des 4 mois. L’idée centrale a été d’identifier quels sont les nouveaux problèmes auxquels bébé fait face à 4 mois comme par exemple, le stress dû à apprentissage.
 
Et ensuite de proposer des solutions pour limiter le stress et le décharger en toute bienveillance.
 
Je vous encourage à choisir une des solutions proposées (celle qui vous plaît le plus) et de la tester à fond pendant 10 jours. Ainsi vous saurez avec certitude si elle convient ou pas, à vous et à votre bébé.
 
Si cela ne marche pas, essayez la suivante, et ainsi de suite jusqu’à réussir à passer des nuits paisibles.
 
Je suis très curieux de savoir quelles solutions ont marché pour vous, pour faire face à cette régression des 4 mois (même si elles ne sont pas citées dans cet article).
 
Pourriez-vous laisser un petit commentaire ci-dessous et partager votre expérience ?
 
 
 
Sources :
  • Rosa Jové : « Dormir sans larmes », 2006
  • Angeline Stoll Lillard : « Montessori, une révolution pédagogique soutenue par la science », 2018
  • Patricia Spinelli : « Cahier d’activités Montessori pour les nuls, 0-3 ans », 2017
  • Aletha Solter : « Pleurs et colères des enfants et des bébés », édition de 2015.
Aletha Solter a fondé l’association « Aware parenting« , qui propose des conseils sur comment développer un attachement satisfaisant avec son enfant. (la traduction française du site Aware Parenting est peu fidèle, donc si vous comprenez l’anglais, je vous conseille la version originale)

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